L’abeille et l’orchidée

La nature ne recule devant rien — ou presque — pour parvenir à cet équilibre dont elle est assoiffée. Lorsqu’elle se sent menacée, la méduse immortelle adulte peut revenir à une forme de polype sexuellement immature et redémarrer son cycle de vie au moyen du processus de transdifférenciation. Le labelle de l’orchidée abeille, quant à lui, a évolué de manière à ressembler à l’abdomen de la femelle abeille et à libérer un bouquet de phéromones sexuelles en vue de duper l’abeille mâle en l’amenant à copuler et, par conséquent, à polliniser la fleur. Entre l’humain et le porc, toutefois, la relation a pris un tour nettement plus sinistre, allant de la modification génétique à l’élevage industriel extrême, tout ça pour l’amour du bacon !

Ce perpétuel cycle de croissance, de désintégration et de transformation se déroule sans cesse autour de nous, même s’il n’est pas toujours observable ou s’il ne correspond pas forcément à ce que nous en attendions. Et s’il nous était possible d’observer la danse des concessions mutuelles, corollaires de l’évolution, par une lorgnette de la taille d’une cellule ? Y verrions-nous une suite de vaines étapes ou un chaos sans nom ?

L’abeille et l’orchidée évolue librement entre une déconcertante désincarnation et une stimulante création afin de proposer une vision édifiante de notre évolution future. Cette œuvre expressionniste en réalité virtuelle rend hommage au combat pour l’existence, présenté sous l’angle d’une suite d’histoires d’amour génétiques.

L’artiste interdisciplinaire Frances Adair Mckenzie ajoute au royaume de la réalité virtuelle un sens du jeu teinté d’espièglerie en alliant à la technologie de pointe la matérialité tactile de l’animation image par image et de la stéréoscopie traditionnelles. Il en résulte une immersion de cinq minutes magistralement réalisée au cœur du magma de l’existence, réinventé pour l’occasion. Ici, les survivants ne sont ni les plus forts ni les plus intelligents, mais ceux qui s’adaptent le mieux au changement.

L’expérience en réalité virtuelle L’abeille et l’orchidée, d’une durée de cinq minutes, mêle habilement tradition et modernité. Elle repose principalement sur l’animation image par image, utilisant des marionnettes en pâte à modeler mises en scène dans de véritables décors en plexiglas 3D motorisés. Les séquences ont été capturées avec un appareil photo reflex numérique de 42,4 mégapixels, monté sur un petit rail motorisé à commande de mouvement, pour créer un effet stéréoscopique 3D simulant la vision humaine. L’ensemble a ensuite été intégré avec le logiciel de composition numérique Nuke, basé sur une structure nodale, plaçant ainsi le spectateur au cœur d’une spirale visuelle immersive en 8K à plage dynamique élevée, animée à 60 images par seconde. L’expérience sonore est enrichie par une spatialisation ambisonique de deuxième ordre, renforçant l'immersion audio. Bien que conçue pour être vécue debout pour une immersion optimale, l’œuvre peut également être appréciée en position assise.

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